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A qui la femme peut-elle s'identifier ?

Etant femme, je me suis posé cette question : quels sont les archétypes féminins ?

Dans l'Histoire qui nous a été transmise, les femmes n'existent pas. Aucune n'a créé une école, aucune n'a ouvert une voie. Et celles qui ont ouvert des voies ont été effacées des livres d'histoire, ou transmises à la postérité de façon mensongère.

Les archétypes masculins sont largement plus gratifiants. Leur est érigé un Panthéon généreux d'hommes dits admirables.

Cela n'est pas rien. Qui la femme peut-elle admirer, copier ? Quelles femmes artistes, scientifiques, historiques, mythiques, seraient susceptibles de tenir cette place d'archétypes contemporains ?

Aux jeunes filles qui cherchent à se construire et qui voudraient s'identifier volontairement à des figures majeures, on propose des images de femmes faibles, adultères, menteuses, intrigantes ou idiotes … et toujours de seconde zone.

Dix mille ans d'humanité et aucune femme ? Cherchons encore…

Force est de constater que les seuls archétypes féminins véhiculés dans la mémoire collective occidentale sont ceux transmis par la religion : Eve, Marie, Marie-Madeleine.

Chacune a entendu évoquer leur nom mais quelle mémoire garde-t-on d'elles ?

Dans le mythe, Eve est née non pas d'une mère, ni de Dieu, mais de la côte d'un homme… Eve y est présentée à la fois comme une tentatrice qui a précipité l'humanité dans le malheur, mais aussi comme une ignorante car on dit qu'elle ne savait pas elle-même ce qu'elle était en train de faire. Voici donc notre premier archétype féminin : maléfique et inconsistante !

De Lilith, la première femme du mythe fondateur qu'est la bible et qui n'a pas été agréée par Adam parce que bien trop femme, bien trop indépendante, bien trop libre, on ne parle guère. Etrange …

Que nous raconte l'histoire officielle de Marie, mère de Jésus, dont on trouve l'effigie dans toutes les églises témoins d'une histoire âgée de 2 000 ans ? Marie aurait été visitée par un ange annonciateur d'un enfant par immaculée conception, un enfant sauveur de l'humanité et fils de Dieu. Que Marie ait pu être une haute initiée n'apparaît pas dans cette version. Les rédacteurs masculins ont décidé de présenter Marie comme une femme ordinaire, au gré du hasard mère de Jésus, et toujours silencieuse.

Or, les découvertes récentes émettent de nombreuses hypothèses qui infirment la tradition catholique. Marie aurait été une femme hautement initiée, une reine de sang royal, une femme qui portait le voile rouge des prêtresses nazaréennes. Ce sont les femmes qui tiennent cette lignée, la lignée de Jésus… Marie en était à la tête.

Dans les multiples versions concernant Marie-Madeleine, on raconte qu'elle ne serait pas une prostituée ainsi présentée par l'église catholique, mais la première des apôtres de Jésus, son épouse, et plus tard, sa substance.

Ces archétypes féminins de l'occident chrétien et plus précisément catholique, perdurent de façon insidieuse, pour ne pas dire sournoise, même si l'on n'a pas reçu d'éducation religieuse directe.

La France qui se déclare farouchement athée depuis la révolution française, les a néanmoins gardé précieusement. Tels que nous les connaissons, ces archétypes ne permettent pas à la femme de s'identifier à autre chose qu'à la passivité ou à la repentance. Mais quelles fautes la femme a-t-elle commises ?

On peut se dire que c'est de l'histoire ancienne et que cela n'a aucune importance. Mais cela inocule un drôle de virus chez la femme.

Par l'image de Eve, la femme est coupable d'être son corps, la tentatrice. La première femme de l'Humanité est condamnée.

Par l'image de Marie, la femme doit être sainte, et pour être sainte, doit annuler son incarnation et rester dans le silence.

Par l'image de Marie-Madeleine, la femme pécheresse par son corps est condamnée à une éternelle repentance.

Et par les icônes contemporaines… les stars, les artistes femmes ou les femmes qui tiennent un rôle social, la femme doit se conformer à l'état d'objet sexuel ou aux modalités masculines qui prédominent, que ce soit dans la pensée ou dans le comportement.

Il n'est pas facile de rester tranquille quand on sait que des générations de femmes n'ont eu que ces images qui détournent intentionnellement une réalité féminine d'une hauteur inestimable…

Combien de femmes ont été volontairement effacées pour que la femme n'existe pas ? Marguerite Porete, Rabia al Adawiyya, Kahena reine guerrière berbère, Jeanne d'Arc, La Boudicca reine guerrière des Celtes Icenis…Et combien d'autres encore ?

La femme peut laver en elle cette Histoire mensongère à laquelle elle s'est identifiée par ignorance. Que la femme ait la nécessité de ne plus être pétrie par une histoire fausse, qu'elle ait l'exigence de stopper ces identifications involontaires à des personnages féminins exsangues de leur substance, rendues idiotes ou serviles, ô combien oui !


Marie-Luce David

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