Aucun espoir psychologique, pour la femme d’aujourd’hui. Niée depuis des siècles, elle n’a plus besoin de prison, de barreau, de bourreau, elle se nie elle-même. Obéissante, elle se cantonne aux rôles que la loi de l’homme lui dicte. L’empreinte dans la mémoire du corps et de l’esprit est bien profonde et elle se transmet
de mère en fille, par mimétisme et la force sacro-sainte du silence. Un silence qui dit que la femme est mère ou bien poupée de salon ravissant les yeux de
son alter ego, s’il en est. Des émotions, elle n’en a plus, dévorées qu’elles sont par les siècles d’affects insatisfaits
ou impunis, de pleurs qui ne servent à rien. Elle ne pense pas, penser pour elle est une affaire de cravate, de costume gris et de cigare. Alors les femmes se laissent penser par la mode, l’éducation, la santé, et ne parlons pas
de politique, de sciences, d’art…
Vous me direz que cette affaire n’est plus tout à fait vraie, que la libération de la femme
a eu lieu. Et c’est vrai. Libération sexuelle, contrôle des naissances, les femmes travaillent etc, etc. Et c’est vrai.
Mais en dedans, au-dedans d’elle, au-dedans de nous les femmes. La toile d’araignée tissée depuis 5000 ans, envoûte la femme qui ne croit pas en elle, qui ne sait pas qui elle est en dehors de plaire, séduire et faire des enfants.
La genèse nous décrit née d’une côte d’Adam, complémentaire de l’homme pour lui tenir compagnie, puis cause de sa perte, car Eve aimait les pommes. A cause de ce goût prononcé pour un fruit, qu’Adam goûta, nous voilà condamnées à enfanter dans la douleur jusqu’à la fin des temps. Adam nomme les choses et la femme est asservie à lui et
à l’abondance de son ventre. Dès lors l’affaire est réglée et toute l’histoire qui suit n’a de cesse de confirmer ce qui
au départ est un mythe c'est-à-dire écrit par l’homme, qui devient croyance puis certitude psychologique qui fonde la base de toute l’éducation féminine.
La femme dans ce monde n’est pas encore née. Née à elle-même. Elle fait ce qui
est permis, dit ce qui ne fait pas de vague et pour ce qui est de penser, c’est en secret qu’elle élabore son monde, mais personne ne le sait et cela ne sert à rien.
Hommes de religion, philosophes, dormez tranquilles. Nietzsche avait donc raison lorsqu’il dit « Il sera possible grâce à quelques siècles d’éducation, de transformer les femmes
en tout ce que l’on voudra, même en hommes ». C’est bien souvent chose faite.
Et nous nous croyons libres. C’est que la prison aujourd’hui dans bien des cas a le goût
du sable chaud. La femme oublie que tous ses acquis lui ont été concédés par la gente masculine majoritairement votante dans les hémicycles de nos gouvernements.
Peut-être qu’après tous ces siècles d’absence à elle-même, à son corps, à sa mémoire, reste-t-il une possibilité à la femme aujourd’hui. Celle de se désenvoûter de ses croyances psychologiques. Croyances qui disent « à quoi bon », « je ne peux pas », « c’est pas pour moi »,
« de toutes les façons personne ne m’écoute », « je ne suis pas capable ».
Autant de négations que nous faisons nous-mêmes perdurer et qui justifient notre absence dans ce monde.
La femme a un corps, un sentir libre de cet enfermement psychique, qu’elle ignore.
Cet espace, je l’ai rencontré. Moi une femme ordinaire et capricieuse comme je suis. Dans le sentir de mon corps, je rencontre et crée mon monde. Ma parole ne demande pas d’acceptation. Et l’axe autour duquel je tourne, c’est Etre femme. Une femme qui pense, sent et aime tout à la fois. Mon origine : la femme mystère, la femme d’avant. Mon futur : mes pas le foulent à chaque fois que je respecte ce que dit mon esprit : Avance. Le temps inaugural n’est pas de ce monde et mon corps par mes sens le capte dans
la lumière, les goûts, les parfums, l’espace. Obstinée, je le suis à n’être pas autre chose que ce que mon corps est.
Le désenvoûtement de la femme, il n’y a que la femme qui puisse le faire. Aucune psychologie, aucune religion, aucune certitude dans tout cela. Et c’est pour cela que
la femme peut le faire. Pour elle-même, d’abord pour elle-même et en elle-même.
Je suis telle une guerrière, attentive à mes idées préconçues par un autre que moi, à mes idéaux de conte de fée qui hantent mon propre mystère de fausses illusions, de fausses vérités, anéantissant mon esprit et annulant mes qualités, c’est cela que je suis devenue.
Une amoureuse de ma féminité, pour rien et surtout pour personne.
Mon esprit ? L’esprit de mon corps ? Il me courtise et me séduit et je le séduis en retour. Tantôt froid et acéré, vif et insaisissable, tantôt gorgé de miel.
Jamais juge, jamais condamnant. Il voit ce monde et il me voit.
Sylvie Andreux
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