Du Sentir de l’enfance il n’est jamais rien demandé. Aucune attention durant cette période riche d’exploration, aucune interrogation à propos du sentir. Au mieux il se réfère aux senteurs qui passent par le nez et c’est tout. Jamais il n’est questionné, jamais il n’est nommé. Nous n’avons pas de corps.
Plus tard lorsque les sens en éveil il nous faut plonger dans les états que les sens provoquent en nous, par l’attrait irrésistible qu’ils génèrent, c’est seul que nous allons, sans langage, sans axe. Le sentir esseulé, sans avoir personne à qui parler. Tel un tabou relégué dans les lieux obscurs du désir, du pêché, et des non-dits.
Les phrases assénées durant les premières années où le sentir explore cette nouvelle vie sont chargées d’interdits, d’injonctions : « ne touche pas c’est sale » ou bien « tu ne fais rien tu rêves», et encore « allez réfléchis ! » Pas étonnant que le sentir se trouve réduit aux heures perdues, à l’inutile, à l’oubli.
Quel ennui alors, lorsque chargé de complexe, sans racine, sans larmes pour sa propre terre, dirigé par le mental élu chef de notre vie, cherchant un sens à cette vie qui n’en n’a pas, il convient de raconter sur un divan de psy, le sentir transformé en ressentir.
Lui pourtant si précieux qui contient le « pourquoi je suis », disséqué, autopsié pour savoir si nous sentons bien le manque, la tristesse, l’oubli, la mélancolie et qu’à grand renfort d’explication, on nous fait avaler un ressenti qui justifie notre incapacité à vivre.
Mais du sentir lui-même. Rien, toujours rien.
Et si ce qu’il nous manquait c’était le Sentir de notre propre corps et le mystère qu’il contient. Celui qui comme son nom l’indique n’appartient pas à la pensée. Un nous-même oublié venu sentir cette vie qui est la nôtre et la sienne, sans aucun doute.
Un jour un homme est entré en Europe, prenant le chemin des contes et des légendes qui aiment le sentir de l’être humain. Un homme enraciné dans le sentir de son corps physique comme une invitation à plonger dans une vie sans souffrance, faisant une brèche dans notre histoire.
Une voie libératrice est née, La Voie du Sentir. Elle se fraie un passage parmi ceux qui le veulent, à travers l’éveil de leurs sens, à travers l’éveil de la sensation de leur corps, pas pour sentir sinon laisser la place à ce sentir que nous avions totalement oublié et qui a bien failli totalement disparaître.
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