Rencontrer la pianiste Zhu Xiao-Mei ne peut laisser indifférent.
Cette femme nous amène sans que l'on s'en aperçoive au départ, dans un univers hors de portée de notre raison et de nos références, en un lieu où sans préavis l'on se retrouve plongé face à face avec nous-même.
Tant d'imprévisible et un tel professionnalisme nous poussent à écrire notre gratitude et notre admiration.
Il est évident que nous avons été en présence d'une femme au sommet de son art et dans l'accomplissement de toutes ses exigences. Sa faculté de disparaître est impressionnante. La musique, souveraine, a toute sa place. L'artiste, à son service, s'efface et ne laisse aucune dimension personnelle intervenir.
En tant que public nous nous sommes senties respectées au plus haut point et prises en compte. Nous avons beaucoup reçu. Cela est exceptionnel et très touchant.
Il nous a été impossible de poser, à son sujet, un quelconque commentaire ou questionnement; d'eux-mêmes ils se sont écartés ou sont tombés dans l'oubli, inappropriés. Cette femme est impensable. Tout comme ce qu'il se passe entre elle et la musique, entre elle et son instrument, est impensable.
Lorsqu'elle nous a rencontré à l'issue de son concert, nous avons eu affaire à une personne très aimable, généreuse, bien présente et aucunement coupée de nous de par son monde. Elle nous a remerciées d'avoir pris de notre temps pour venir l'écouter et ensuite pour pouvoir lui parler.
Dans l'excellence de son art, Zhu Xiao-Mei nous a permis d'approcher un monde au-delà des qualités. Elle nous a données un goût de la dignité de la femme et de la dignité de l'artiste.
Au contact de Zhu Xiao-Mei, une porte s'est ouverte sur un monde noble et enchanteur, celui de la musique. Cette Dame dont le mystère et l'autorité nous demandent de se présenter à elle avec respect et beaucoup de délicatesse et dont la force nous plonge dans un royaume où il ne s'agit pas de penser mais de vivre et de laisser la magie s'opérer. Nous avons été sous le charme.
Toute approche tentant de la réduire à des jugements personnels (se rapportant par exemple à la technique ou au choix d'interprétation) n'a pas trouvé sa place. Cette Dame, nous l'avons rencontrée dans la jubilation, à travers une écoute où le corps participe activement.
Ce que cette artiste et la musique nous ont donné, c'est une saveur nouvelle de notre aventure humaine. Nous avons été touchées dans des plans sensibles et inconnus de nous-mêmes. La fierté de ce que nous faisons et ce grand bonheur d'être en vie ont été restaurés. Il s'agit en quelque sorte d'une thérapie et sans aucun doute d'un don, un don d'amour qui ne fait pas partie de ce monde.
Merci à vous, Zhu Xiao-Mei, d'honorer par votre musique la beauté de la vie et la grandeur de l'être humain.
Valérie Laurent et Solvejg Maedler
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