Je suis femme
Vous ne m’enfermerez plus tel un agneau au bercail,
Hommes des cités.
Je suis femme,
Et je profère haut et fort ces vérités,
Par vous occultées et niées,
Hommes des savoirs.
Je suis femme,
Brûlante de rage froide,
Et je laisse sereine,
Hurler mes entrailles si longtemps recroquevillées,
Hommes des églises.
Et vous, mythes, légendes et contes édulcorés,
Issus d’une Genèse saturée de mensonges,
À coups de hache, je vous fais la peau.
Oui, par mon corps, je le jure,
Ma parole est saine et claire,
Païenne, sauvage, sans crainte et sans merci.
Je chante des odes de feu,
Affranchie de la faute, toute offerte à moi-même,
Enracinée dans le désir
Du doux miel de mon âme.
Adieu, mère commode et nourricière,
Vagabonde déesse des cultes virginaux!
Je m’en vais retrouver la femme primordiale,
Celle qui rit dans un parfum d’épices.
Je suis femme,
Seule avec le Mystère,
Je fais bourdonner la Terre
Comme un grand tambour de chair,
Et ferme l’espace divin de mon sexe,
Aux mâles complices des fornications du dieu Lune.
Oui, je suis femme,
Et ne serait-ce qu’un instant,
Le monde tremble dans ses décombres
Où vivent les amants sans mémoire.
Je suis ce que je suis dedans,
Je le jure,
Je danse avec les loups et l’oubli que les anges aiment tant,
Vierge de toute règle.
Je me nourris de lumière et de pluies, Jouant avec le vent, Le soleil blanc et la nuit tiède, Au fil arrêté des jours, Femme creuse, Fille du ventre de la Terre, Servante de son Mystère.
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